The Brooks, Funk’s not dead
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Temps de lecture : 3 min
On a envie de se réchauffer, de faire la bamboche. On espère qu’on est sur la bonne voie. En attendant on peut au moins s’ambiancer à la maison, à l’écoute du nouvel album de The Brooks : «Any Day Now» sorti sur le Label français Underdog records, le 23 octobre dernier.
Ce qui explique peut-être qu’ils sont experts en réchauffement musical : ce groupe est originaire du Canada. Formé en 2012, il est composé de huit musiciens :
- à la basse : Alexandre Lapointe, fondateur du groupe.
- au chant : l’Américain Alan Prater au CV impressionnant : originaire de Jacksonville, en Floride, élevé au gospel, tromboniste de formation, il était choriste pour Michael Jackson pendant la tournée Thriller ! rien que ça !
- A la batterie : Maxime Bellavance impliqués dans de nombreux projets de la scène canadienne.
- A la guitare et au chant : Philippe Look, membre fondateur.
- Aux claviers : Daniel Thouin, incontournable acteur de la scène jazz montréalaise.
- Au saxophone : Sébastien Grenier.
- A la trompette : le français Hichem Khalfa, autre pointure jazz.
- Aux percussions : Philippe Beaudin.
Jam
Tout est parti d’un passe-temps au départ : le plaisir de jammer en studio et écrire des chansons. Le but n’était pas nécessairement de former un groupe classique mais plutôt de proposer de la musique instrumentale, pour le cinéma. La formation était fluctuante, au fil des rencontres, des envies.
Le déclic a lieu lorsque Gary Tremblay, patron du Dièse Onze, une boîte de jazz montréalaise leur propose de venir jouer en soirée les mercredis pour changer du jazz habituel. Ça durera près de trois mois, avec une alternance mensuelle de chanteurs. Alan Prater est le premier à se prêter à l’exercice
Étant tromboniste en plus, Alexandre Lapointe lui demande s’il serait intéressé par intégrer la section de cuivre pour les titres instrumentaux. En fait il a écrit des paroles ! Le groupe a alors compris qu’il avait trouvé son chanteur et qu’un album se profilait.
L’expérience de ces soirées baptisées Soul therapy est un succès. Elles sont reconduites pendant trois saisons. De quoi souder un groupe et lui donner une puissance scénique certaine.
Le premier album était 100% instrumental au départ (l’édition numérique comprendra 4 versions bonus avec Alan Prater au chant). Il s’intitule Adult Entertainment sort en 2014 sur le label des studios Troublemakers où le groupe jamme et enregistre.
Le deuxième album Pain & Bliss sort en 2016 toujours chez Troublemakers. D’ailleurs c’était aussi le nom du groupe au départ. Mais trop de risque de confusions par rapport au nom du studio lui-même, alors Alexandre Lapointe a décidé de changer. Il a choisi The Brooks après un voyage à Brooklyn (entrepris pour rencontrer l’équipe de Daptone Records), juste en jouant avec la sonorité du mot « Brooklyn ».
Le feu du Funk !
The Brooks est reconnu dans le milieu indé canadien et jouit d’une excellente réputation scénique mais en Europe, jusque maintenant c’était très confidentiel. Lors d’un voyage en France, ils rencontrent les passionnés de groove que sont les membres d’Underdog Records. Le troisième album sortira sur ce label. Devait s’en suivre une tournée mondiale mais bon voilà, COVID, confinement et compagnie…
Le seul moyen de soutenir les artistes est donc de partager, diffuser leur musique ou mieux de se procurer leurs disques. Vous ne le regretterez pas : « Any day now » est une bombe funk, soul, afrobeat, P-funk. Tout y passe, mais attention on n’a pas juste affaire à des pointures qui récitent leurs gammes. Ils ont deux atouts majeurs : la qualité des compositions et un putain de bon chanteur. Ce qui fait toute la différence pour moi dans ce style de musique sur scène comme sur disque.
Dans la nouvelle scène funk, il y a de très bons musiciens qui tricotent du groove comme Vulfpeck par exemple mais il me manque une dimension : la chaleur, le vivant, le vécu, la sueur car c’est tout ça le Funk. The Brooks nous offre tout ça sur cet album opulent, généreux car en plus des huit musiciens, il y a aussi une section de cordes. Plus de vingt musiciens ont collaboré à l’enregistrement.
Une intro et un titre de fin instrumentaux très orchestrés, quelques interludes et des titres dans tous les styles composent cet album.
Un petit clip avec le tubesque Gameplay :
Les références sont claires :
- Curtis Mayfield dans Drinking et sa ligne de basse qui rappelle Freddie’s dead,
- un son psyché dans Boonbeam court instru, très réussi,
- Isaac Hayes dans un autre intermède instrumental Blue dream,
- Les très P-Funk Zender et Issues,
- Sly & the Family Stone dans Never thought et la fin de Turn up the sound qui démmarre en pur funk à la James Brown,
- le Easin’ in deEdwin Starr dans The Crown inspiré par l’incendie de Notre-Dame. Ce titre est révélateur de l’inventivité du groupe car il dérive en afrobeat avant de revenir sur le groove de départ plus psyché 70’s.
Le tout se fond dans une identité propre, une démarche qu’on sent sincère. De quoi nous réchauffer tout l’hiver, en attendant des jours meilleurs et la reprise des tournées. On a hâte de découvrir The Brooks sur scène car on est sûr d’y trouver tout ce qu’on aime au Sac à Son, le groove sans frontière, l’énergie, la danse, la communion, le feu qui nous brûle quoi !
A l’évidence, Funk’s not dead !
Photo de couverture : Agnès Lortho
Jérome Pifunk
Chroniqueur : Sunday Morning, Playlists du lundi, et Le Sac à Samples ! Mon petit kif, vous préparer des thèmes pour les Soundclashs sur notre page Facebook tous les mercredis à 11h !
Co-animateur radio sur Raje (et j’adore faire des conducteurs d’émission sur Excel !)
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