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La Réunion : Feuille de songe et nuit d’été

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Temps de lecture : 3 min

Il y a deux choses avec lesquelles je ne plaisante pas, la cuisine malgache et le Maloya. Tous deux ont su conquérir mon cœur de zorey il y a bien des années et continuent de m’émouvoir au fil du temps. La poésie créole me prend aux tripes, elle m’est intime car elle sait toucher mes espoirs et mes peines, si intemporelle dans sa délicatesse et son franc-parler. Marquée par la violence de l’esclavage, aboli le 20 décembre 1848, qui s’est sournoisement transformé en engagisme, soit une variante contractuelle imposée à la signature par force et chantage, la Réunion a su devenir un symbole de résistance identitaire en gardant la tête haute et le cœur accroché.

Le Maloya qui puise ses origines dans les rites funéraires Malgaches pour célébrer la mémoire des ancêtres évoluera dans les champs de cannes au prix de la sueur pour dénoncer l’injustice et la douleur subies par le peuple réunionnais asservi. Ce blues insulaire à la fois Africain, Indien et Malgache sera interdit sous toutes ses formes, musique, chant et danse, parce qu’il aura le don d’irriter les autorités françaises. Le Maloya sera clandestin jusqu’à la fin des années 50. Pratiqué jusque-là dans le secret des nuits australes il deviendra la voix d’une force militante, sera modernisé dans les années 70 puis sera enfin reconnu trésor du patrimoine immatériel de l’UNESCO en 2009.

Voici donc la Réunion en quelques titres modernes, bien loin de représenter tous les fabuleux artistes qui savent si bien la conter. Nous vous proposons aujourd’hui une sélection qui vous donnera, nous l’espérons, l’envie d’en savoir plus. Car l’île n’est ni petite, ni facile, mais sait récolter et partager les fruits de son expérience multiculturelle qui n’auraient pas assez d’une vie pour être découverts. Haut lieu du métissage elle puise sa force dans l’authenticité de son histoire et dans la lecture lucide de sa douleur. Fière de ses racines, elle ne cesse de s’épanouir et de s’ouvrir au monde sans pour autant se donner.

Car le Maloya Kabar n’est pas là pour la gloire*, se tenant plutôt loin du « zafèr commercial » il ne s’achète pas, il se raconte, se transmet, et se vit. Il est une transe, une expérience, un voyage de l’esprit au travers des voix de l’émotion. Le roulèr, le kayamb et le piker feront battre votre cœur en cadence. Enlevez vos chaussures et allez marcher dehors, pieds nus dans la terre, la tête dans les étoiles. Ces quelques titres vous portent un message qui a traversé des siècles de combativité, un bouclier volcanique, l’Océan Indien et l’Afrique.

La diversité musicale du Maloya ne l’éloigne jamais de sa poésie endémique mais ne fait que l’enrichir. Batterie rock, synthé cosmique, slam ou scratch il est de toutes couleurs et de toutes nations, bienvenus dans la Batarsité ** et son jardin épiphyte aux effluves vanillées.

Les titres

Bonus YouTube, attention pépites!

1h37 de musique, juste de quoi lancer un cari, grain, rougail « feu de bois » à déguster en famille ou entre amis autour d’une grande table.

Et sinon,

Nou artrouv dan priyèr.

Texte : Separici Lasortie
Photo de couverture : Renaud Relief

*Référence au texte de Tiloune – Ô Maloya

**Titre de Danyèl Waro à écouter sur l’album éponyme – Batarsité

*** Lo Rwa Kaf, Christine Salem, Françoise Guimbert , Gramoun Lélé, Firmin et Marie-Céline Viry, Simon Lagarrigue (NDLR)

****Quartier de Saint Denis

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