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Interview: Senbeï et son armée débarquent avec Tōitsu

Quoi ? Vous ne connaissez pas encore Senbeï ? Son nom de scène évoque un craker traditionnel japonais, tout un poème dont Aïna dit l’Aigle Guerrier vous avait déjà parlé ici .

Au-delà d’avoir plus de temps peut-être pour bloquer devant ses consoles et machines en tout genre, Hugo Senbeï s’est montré hyper actif sur les réseaux sociaux pendant le confinement. Peut-être là une des meilleures réponses à la déprime ambiante 2020. On a voulu en savoir plus sur le projet de ce geek aux 1000 talents, passionné depuis la première heure de hip-hop aux accents du soleil levant.

Pour les Sacasonneurs qui ne te connaissent pas encore, explique-nous qui est Senbeï ?

Senbeï, beatmaker qui déteste se présenter.

Les collabs, ça te connaît ! Je me souviens de ta folle soirée carte blanche à la Belleviloise pour la sortie de l’album Ningyo où tu avais invité Cheeko, Al’Tarba, Youthstar, Mounika et bien sûr IRB de Smokey Joe & the kid… Comment t’est venue l’idée génialissime de collaborer avec des fans? C’est une première ?

L’idée est venue assez naturellement pendant le confinement. En mars, j’étais chargé de boulot, je savais que le passage au confinement n’allait pas changer radicalement le cours de ma vie sachant que j’avais des semaines de taf hardcore qui m’attendaient, tout seul dans mon studio. Je préparais la promo de la campagne Kickstarter de l’instrument de musique « Joué », je composais la musique d’un documentaire sur Teddy Riner qui allait sortir en juillet, et je composais la musique d’une pub pour un des derniers produits d’Apple.

J’avoue que ça m’allait bien d’être si occupé, et de ne pas penser à toute cette merde qui pourrissait non seulement tout le pays, mais aussi toute ma profession, et je me sentais très chanceux d’avoir le luxe d’avoir encore du boulot et du salaire à ce moment-là.

Et puis courant avril, j’ai un peu de temps devant moi. Je me lance un défi, demander via mes réseaux à mes fans de m’envoyer des prises de sons ou des samples qu’ils aiment, pour faire un track. Je me suis fait submerger. Du coup, j’ai vite envisagé d’aller plus loin. J’ai migré vers un « groupe » facebook, plutôt que ma page pro, pour avoir un contact plus direct avec les gens, car les pages artistes sont verrouillées par les algorithmes pourris de facebook. On s’est vite retrouvé 500 et ça fusait de tous cotés, si bien qu’on a fait un album entier en 3 mois.

Je pense que c’est une première en effet, et j’espère qu’il y en aura d’autres, vu comment les gens ont adoré le simple fait de participer, chacun à sa manière, j’espère que l’idée sera reprise par des musiciens encore plus connus et plus talentueux que moi.

« C’est un vrai accomplissement pour moi, d’avoir réussi à toucher autant les gens, même si ils sont pas des millions, même s’ils sont juste 500. C’est le rêve de tous les artistes. »

Je me rappelle qu’ils te proposaient des musiques à sampler… Ils ont même proposé plusieurs noms pour l’album (il y a eu un vote sur le groupe facebook Senbeï – the collab album) Comment s’est passée ta sélection ?

Je recevais énormément de choses, des samples, des conneries, des extraits de films, des vidéos d’eux même en train de jouer de leur instrument ou de chanter. J’ai dès le début accepté le challenge que j’allais recevoir un paquet de choses qui n’allaient pas aller, parce que dans le fond, c’était comme digger dans un magasin de vinyles. Ça m’a pris énormément de temps, au début je passais 3h par jour à trier et classer tout ce que je recevais. Les gens ont par ailleurs commencer à essayer de m’aider, à s’organiser, commenté les posts des uns et des autres quand y avait des doublons, traduit mes posts pour les anglophones, etc …

Et puis de temps en temps, je lâchais une preview, en citant les gens qui m’avaient aidé à faire le morceau. Et y a jamais eu de «  nan nan c’est tout pourri, celle-là on la met pas sur l’album. »

J’ai essayé d’user de tout ce que je pouvais pour maintenir l’intérêt de gens. Faire tout un album, c’est très long, et on n’est jamais sûr de bosser au même rythme tous les jours, donc j’ai dû bosser hyper vite. C’était intense. Les deux premières semaines, j’avais déjà composé les deux tiers de l’album. Du coup, dans les moments de creux, je leur proposais effectivement de choisir certains trucs, comme le titre de l’album, qui a été choisi par vote, le visuel de l’album, qui a été fait entièrement avec les visages des participants, les featurings qu’ils sentaient sur tel ou tel track, etc …

Tu peux nous parler du prochain clip à venir ?

Le clip qui va venir sera diffusé pour la sortie de l’album. Ça va encore être un pur produit du groupe, mais je ne peux en dire plus, parce que c’est à la fois un clip, à la fois un hommage/remerciement/surprise aux 500 zigotos qui ont collaboré au projet.

En attendant le clip, je vous laisse savourer cet énorme feat avec Yoshi sorti mi octobre
Il parait même qu’un gars s’est fait tatouer Senbeï sur le côté du dos ! Tu t’attendais à autant d’engouement et d’engagement de tous ?

Nan, c’est le premier tattoo « Senbeï ». Comme j’ai déjà dit, au départ, je voulais juste faire de la zik. Très vite c’est devenu une expérience humaine pour beaucoup de gens du groupe. J’ai reçu énormément de messages de remerciements, de soutien, de gens à qui j’avais apporté un peu de bonheur dans cette période de merde. Certains m’ont même dit que je leur faisais économiser des séances de psy. Je m’attendais pas à ça du tout, j’ai peut-être aussi lancé des carrières de musiciens amateurs qui n’osaient pas se lancer.

Bien sûr, tout le monde n’a pas vécu l’expérience de la même façon, sinon tu pourrais m’appeler « Skippy le grand gourou » direct. Mais je sais que beaucoup de gens ont été très très touchés par ce qu’on a fait cette année, très profondément. Il y a aujourd’hui une vie parallèle du groupe, des amitiés très fortes qui se sont créées, il y a des symboles, des codes, comme les détournements de clips, ou les blagues sur Nicolas Cage. C’étaient des conneries à la base, mais c’est devenu des symboles de ralliement, des trucs à nous.

C’est un vrai accomplissement pour moi, d’avoir réussi à toucher autant les gens, même s’ils sont pas des millions, même s’ils sont juste 500.  C’est le rêve de tous les artistes.

Je n’imagine même pas la richesse et le lot de pépites envoyées et proposées ! Une suite est à prévoir et espérer?

Pour le moment, je finalise d’autres projets, à savoir les prochains albums de Slumb et Smokey Joe. J’aimerais bien faire un Rogue Monsters 2 avec Al’Tarba aussi, parce que notre tournée était la tournée la plus cool que j’ai jamais faite, et ce premier opus était une tuerie. Ce qui est sûr, c’est que j’en ai très envie. Mais ça a vraiment pas été facile de tenir le rythme. Et d’un autre côté, je ne vais pas reprendre les concerts avant un bon moment, alors il faut que je compose le plus possible en attendant. On verra bien.

Une autre collab de rêve ?

J’ai déjà beaucoup de taf, mais si je devais choisir, je ferais bien un album avec Clozee. Ca fait un moment qu’on se tourne autour, ça pourrait arriver un jour. Sinon Apashe !!

Tes 5 titres du moment ?
Si Covid il n’y a plus demain, la première chose que tu fais c’est organisé un concert privé avec toute ton armée?

J’ai envie de dire, «Putain de oui !! ».

Rappelle nous la date de sortie de l’album et tes prochains Event ?

L’album sort le 27 novembre, avec le nouveau clip collab !

Vous pouvez retrouver Senbeï sur facebook, sur l’instagram du Banzaï lab, ou encore sa chaine youtube, spotify et précommander cette pépite ici… Nouveau confinement, nouvel album collab? C’est tout ce qu’on espère!!!

Photo de couverture : Roxane Putontheredlight

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