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Gizelle Smith, Soul thérapie

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Temps de lecture : 3 min

Soul thérapie : soigner l’âme mais par la musique Soul. Voilà de quoi il est question avec la chanteuse anglaise Gizelle Smith qui revient avec un 3ème album Revealing sur l’excellent label Jalapeno.
Étiquetée soul funk vintage, elle porte l’héritage de son père, Joe Smith, guitariste et directeur musical chez Motown pour les Four Tops. Mais pour elle, la soul n’est pas un revival à la mode mais un moyen de raconter la vie sociale, politique ou personnelle. Voilà pourquoi ça dure. Dans ce nouvel album, elle ouvre son horizon musical. On sent une volonté d’échapper à des étiquettes réductrices.

Trois albums en 12 ans c’est peu, sans doute trop peu pour se faire une place dans un espace médiatique saturé de sorties de singles, de clips, d’EP. On vous propose une session de rattrapage sur les albums précédents de Gizelle suivie d’une présentation du petit dernier.

This is Gizelle Smith … & The Mighty Mocambos

Gizelle a chanté dès son plus jeune âge, elle a joué dans des Big Bands de Jazz car elle pratique la trompette et le trombone. Elle joue aussi un peu de violoncelle et s’est mise à la basse ! Gizelle écrit les textes de ses chansons et compose les lignes de cuivre (en les chantant !) ainsi que les chœurs.
Elle a fait des débuts fracassants dans la scène soul funk européenne dès son premier album coécrit avec le groupe allemand The Mighty Mocambos. Intitulé This is Gizelle Smith, sorti en 2009 sur leur label Mocambo, c’est une réussite avec des pépites comme « Hold fast« . Le single « Working woman » est un joli succès.

Il s’en est suivi une longue tournée remarquée et un très bon single Jonny en 2012. Clip :

Un passage au Jam à Montpellier nous avait fait découvrir la qualité de l’ensemble sur scène : la voix de Gizelle et le groove cuivré impeccable des Mighty Mocambos que nous suivons sans relâche depuis.

Puis un silence surprenant pendant 5 ans. Gizelle l’explique par une période personnelle de dépression durant laquelle elle arrête d’écrire et de composer. Elle estime que c’était une grosse erreur car travailler sur sa musique est indispensable à son équilibre. Elle est reconnaissante aux fans de la scène soul funk d’avoir été patients et de l’avoir poussée à reprendre.

Ruthless day

C’est d’ailleurs son ami proche Steffen Wagner (compositeur, producteur des Mighty Mocambos) qui la relance en lui donnant l’idée de traiter le sujet de la dépression pour en faire un album.  Cela donnera Ruthless day sorti en mars 2018. Le sujet est lourd mais l’habillage groovy lui permet de trouver le bon équilibre. Voilà la soul thérapie !

A noter de nouvelles collaborations : le puissant groupe de funk russe The Soul surfers et le chanteur Eric Boss (moitié du duo californien de retro soul Myron & E, à découvrir aussi d’ailleurs !) sur deux titres chacun. Une volonté pour Gizelle qui trouve que l’alliance des énergies ouvre d’autres horizons et facilite le processus créatif. L’idée a été d’enregistrer rapidement 8 instrumentaux en 2-3 jours dans un studio analogique. Plus quelques sessions pour les cuivres, quelques overdubs de synthés et de percus. Les Soul surfers ont enregistré leurs deux titres de leur côté en Russie. Ensuite l’enregistrement des voix (dans le noir !) a été plus long. Ce travail de studio n’est pas la partie préférée de Gizelle, qui préfère l’écriture et par dessus tout la scène.

Ce disque se démarque du précédent par un son plus brut, plus funk, moins soul et par une pointe de rock psyché. Gizelle aime parler de sa musique comme étant du punk funk ou du punk soul.
Extrait de cet album : le clip de « Sweet memories ».

Revealing

2019 : la mort de son père déclenche un véritable reset créatif. Elle décide d’abandonner tout ce sur quoi elle avait commencé à travailler pour repartir de zéro. Accompagnée de son fidèle producteur et ami Steffen Wagner et de son compagnon et bassiste Joseph Sam, elle s’embarque pour un séjour de 10 jours d’écriture et de composition à New York.

Le résultat : encore un album poignant, avec une voix aux multiples registres, toujours aussi touchante. Musicalement, la palette s’élargit avec notamment des sonorités rock psyché plus marquées que sur Ruthless, plus de claviers aussi, et des cordes sur l’étonnant « Miss World ». Cette ouverture se voit aussi par sa relecture d’une chanson de Kate Bush « King of the mountain ». Les thèmes abordés : le deuil sur « Agony road »,  le conditionnement social sur «  Better Remember », l’amour sur « Maybe baby », la confiance en soi, l’épanouissement personnel sur « Three tiny seeds » et le superbe « The girl who cried slow » présent sur notre playlist Fleur de sel.

Deux extraits de l’album : « Agony road » suivi de « King of the mountain ».

Ce 3ème album, né de circonstances tragiques, est sans doute son disque le plus abouti, le plus  riche. Et si pour elle, pratiquer la musique soul est une thérapie, l’écouter peut également en être une pour nous. Alors voilà la prescription de ce dimanche : vous plonger dans ce disque et dans les précédents en attendant la thérapie de choc : la voir en concert !

Photo de couverture : Agnès Lortho

Jérome Pifunk
Chroniqueur : Sunday Morning, Playlists du lundi, et Le Sac à Samples ! Mon petit kif, vous préparer des thèmes pour les Soundclashs sur notre page Facebook tous les mercredis à 11h !
Co-animateur radio sur Raje (et j’adore faire des conducteurs d’émission sur Excel !)

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