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Cleo Sol, étoile montante de la Soul

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Temps de lecture : 3 min

L’Angleterre est assurément un des foyers de la musique soul actuelle. On avait découvert Céleste sur la scène de Rock en Seine l’an dernier, une grosse claque tant la jeune femme avait délivré un show soul jazzy d’une aisance et d’une classe vocale rare. On avait été moins convaincu par Jorja Smith. Et on va faire plus ample connaissance avec une autre figure montante de la Soul britannique : Cleo Sol. De son vrai nom Cleopatra Nikolic, elle est née à Londres en 1990.

Comme beaucoup, on l’a remarquée par son featuring sur le titre « Selfish » de Little Simz  en 2019. Mais c’est quand on a creusé à propos du projet SAULT qu’on s’est aperçu qu’elle était une des deux chanteuses (vous pouvez retrouver notre article complet sur Sault).
Les pièces du puzzle ont commencé à s’assembler. Ce superbe timbre de voix allait commencer à ne plus nous lâcher.

Le dénominateur commun à tous ces projets est le producteur londonien Inflo et son label Forever living originals. On va y revenir, mais d’abord petit retour sur le parcours de cette chanteuse loin d’être novice.

Flashback

Cleo a grandi dans un univers musical, puisque ses parents sont musiciens de Jazz. Sa mère d’origines serbe et espagnole est chanteuse, guitariste, flûtiste et son père jamaïcain, est bassiste et pianiste.

Enfant elle chante déjà beaucoup et peut puiser dans la collection familiale de disques pour acquérir une large culture musicale : Soul bien sûr, tendance Motown (une révélation en écoutant Stevie Wonder) et aussi Reggae, Jazz …

Elle prend des cours de chant à la maison de quartier (West London). Cleo devient accro et passionnée. Pas étonnant que sa carrière démarre à 18 ans. Du RnB tendance Beyoncé, des feat dans le milieu hip hop londonien. Pas fou fou, un peu cliché. Un album doit sortir en 2012 sur une major avec une armada de producteurs.

Renaissance

Parmi eux Inflo, cité précédemment. La rencontre est décisive car il deviendra son unique producteur. Mais surtout Cleo stoppe le travail sur cet album et décide de tourner le dos à cette carrière qui semblait toute tracée. Une remise en question qui dure 5 ans avant que ne sorte le single très prometteur « Why don’t you » qui fait mouche et dont la version enregistrée pour Colors connaît un succès mérité.
Le chant de Cleo a changé, il est plus suave, plus fin. Plus varié aussi dans les tonalités et le flow.

Suit de peu, en 2018, l’EP Winter songs. On y trouve une soul minimaliste, élégante, avec des accents psychédéliques (flûtes, cordes), une guitare jazzy, des percus. Inflo a collaboré avec Michael Kiwanuka et la parenté de leurs univers est nette sur ce single et encore plus sur le magnifique « Miles song ».

De nombreuses pistes vocales se superposent comme sur « Try and you try » et ses cordes omniprésentes, Cleo s’envole dans de jolis aigus qui font penser à Minnie Ripperton sur « Still cold« . Difficile d’expliquer la magie d’une voix et comment on en tombe amoureux ! Le timbre, le souffle, la retenue, la sobriété (pas trop d’effets, pas trop de vibes, pas de chant excessivement marmonné comme d’autres au succès fulgurant …).
Exemple dans une mini-session live sortie en 2019 :

Envol

Deux singles (Sweet blue et One) annoncent la suite et sont bien représentatifs de son travail. Les thèmes abordés dans ses textes : l’amour évidemment, plus généralement les rapports humains, le manque d’estime de soi, des sujets plus sociaux et contemporains (écologie et malbouffe dans « One »). Elle fait souvent allusion à sa mère (son pseudo Sol est une référence à ses origines espagnoles), citant des phrases d’elle qui l’ont aidée à se construire dans « Sweet Blue« .
Les deux albums de Sault en 2019 nous font patienter aisément jusqu’à son premier album solo Rose in the dark, qui sort pour ses 30 ans en mars dernier ; ça valait le coup d’attendre, de laisser murir. Une réussite.

On y retrouve « Why don’t you » (pourquoi pas ?!) ainsi que 10 nouveaux titres. La palette est large dans les styles et dans la voix : soul jazzy, nu-soul des 90’s, soul classique des 70’s, RnB. On trouve aussi des accents gospel, des touches de hip hop parfois dans la production (basse et percus en avant), une ballade épurée avec une simple guitare acoustique.
La chanson titre est superbe :

Un disque beaucoup plus riche et personnel qu’il n’y paraît, à découvrir écoute après écoute. La preuve qu’on est en présence d’une grande voix de la soul actuelle qui a su bifurquer, se détourner de l’industrie musicale, s’arrêter, prendre le temps de chercher pour trouver un chemin plus personnel. Un exemple à méditer en l’écoutant chanter.

Photo de couverture : Agnès Lortho

Jérome Pifunk
Chroniqueur : Sunday Morning, Playlists du lundi, et Le Sac à Samples ! Mon petit kif, vous préparer des thèmes pour les Soundclashs sur notre page Facebook tous les mercredis à 11h !
Co-animateur radio sur Raje (et j’adore faire des conducteurs d’émission sur Excel !)

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