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This is not a love song festival 2018, gravé dans le cœur

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Ce n’est pas une chanson d’amour. Mais du 1er au 3 juin à Paloma, on était 16 000 à s’aimer. Tous réunis par la passion de la musique mais aussi des rencontres, de l’échange, des découvertes et de l’imprévu.

Dans la plupart des festivals, on gambade d’un concert à l’autre en pressant le pas. On se ravitaille rapidement en bière en râlant parce que c’est trop cher et que ça ne va pas assez vite. On passe tous les concerts avec ses potes, sans trop faire attention aux gens autour. A part quand ils te marchent sur le pied ou te bousculent. C’est un peu la course pour voir le plus de concerts possible. Ce type de festival, on en ressort content de s’être pris une claque musicale, d’avoir vu parmi nos groupes préférés, des bêtes de têtes d’affiche. C’est une belle expérience, bien sûr, mais il manque quelque chose.

Le Tinals, ce n’est pas un festival comme les autres. C’est une réunion de famille. Ca vient de la programmation bien sûr, qui trouve toujours l’équilibre parfait entre grands noms et sublimes découvertes. On ne s’étonne pas que les blind pass partent chaque année comme des petits pains. Mais ça vient aussi des équipes organisatrices, qui se creusent la tête chaque année pour faire de Tinals une expérience plus qu’un festival. Des bénévoles, qui répandent l’amour et la bonne humeur du vendredi au dimanche. Des techniciens, qui font un taf incroyable pour que tout soit millimétré sans en avoir l’air. Mais aussi du public, qui arrive avec toute sa bienveillance et son envie de partage.

Trois jours de Tinals, c’est bien sûr des concerts dingues. Mais c’est aussi des rencontres inattendues, des sourires sincères, des verres qui trinquent, des bises qui se claquent et plus si affinité. C’est une véritable communion autour de la musique. Ce sont deux potes qui se marient à poil entre deux concerts. Ce sont des danses improbables autour du Sound Truck et dans la Love Room. C’est danser et chanter avec tes potes, les regarder et te dire que t’as une chance incroyable de les avoir dans ta vie.Ce sont des enfants qui courent en affichant un sourire à te faire péter le cœur. C’est une compilation de grandes joies et de petits bonheurs.

Tinals, c’est aussi se laisser surprendre. Un festival où tu peux aller sans connaître les artistes programmés mais avec la certitude que tu trouveras ton bonheur. Pour ma part, j’avais écouté toute la prog pour vous concocter la playlist “13 artistes à découvrir au Tinals 2018”. Mais des découvertes, il y en a eu bien plus que 13.

A commencer par le rappeur californien Vince Staples, premier concert du festival pour nous. Seul sur la grande scène extérieure avec son gilet pare-balles, face à un public clairsemé de début de festival, avec une armée de fans dans les premiers rangs, le mec nous a enflammés. Son rap est toujours tendu, parfois sombre. Il nous pète à la gueule comme le This is America de Childish Gambino. Seul concert de rap du week-end mais, diable, quel concert !

Ce vendredi soir-là, il y avait aussi Beck, l’un des artistes les plus attendus du festival. J’ai beau avoir découvert la musique avec ce mec, l’avoir adulé pendant mes années collège, je n’attendais pas grand chose de ce live. Parce que ce qu’il fait aujourd’hui ne m’enthousiasme pas une seconde. Si c’était pour entendre son nouvel album, je préférais aller découvrir Flat Worms ou Les Rustyn’s. Mais bon, comment ne pas laisser sa chance à son idole de jeunesse ? Oh, et quelle bonne idée. J’aurais du faire confiance direct aux programmateurs. S’ils l’ont fait jouer, c’est qu’il n’allait pas décevoir les fans de la vieille époque. C’était le frisson d’entendre Devils Haircut et Where It’s At, avec des musiciens incroyables, en parfaite harmonie. Et que dire de Loser ? Chanter cette chanson à tue-tête avec les potes, en dansant comme si on était chez nous (on l’était un peu, après tout!), c’est un moment de bonheur précieux qui restera longtemps gravé.

En parlant de bonheur, s’il y a un groupe qui nous en a beaucoup donné, c’est bien Black Bones. Au point qu’on a choisi de les voir deux fois. Sur la micro-scène du patio, leur pop joyeuse et envoûtante nous a fait toucher les étoiles. Pourtant, j’ai passé le concert la main sur le cœur. Un sourire d’enfant sur le visage. I’m gonna gonna get you ! Ok, je suis pas remise. C’est quand qu’on les revoit ?

La journée de samedi fut tout aussi intense en découvertes. On a twisté à l’ancienne avec les toulousains de Cathedrale pour démarrer la journée du bon pied. Restez connectés pour l’interview, vous allez adorer. On est restés dans une vibe rock’n’roll avec la performance zéro tabou de The Spitters.

Puis on a pris une pause pureté avec Gus Dapperton, l’une des plus belles découvertes de cette édition. Un rock tout doux qui te reconnecte au moment présent. Tu fermes les yeux, le soleil tape sur tes paupières. Ça te fait chaud dans le cœur. Et dans tes oreilles il y a de douces mélodies. Autour de toi, des centaines de gens merveilleux réunis pour découvrir, entre autres, ce bonhomme talentueux. Un joli moment Tinals comme on espère en vivre encore des dizaines. D’ailleurs, Yellow Days nous a fait vivre sensiblement la même chose à la nuit tombée. Encore un jeune qu’on va suivre avec attention car il nous a déjà emmenés très loin.

On ne peut pas parler du samedi de Tinals sans vous dire quelques mots sur McBaise, qu’on a vu deux fois tellement c’était beau. Ils te créent un véritable cocon duquel ça fait le plus grand mal de sortir. Partout sur la toile, ils sont décrits comme la version française de Mac DeMarco. Si la comparaison est flatteuse, on a envie de vous dire qu’ils sont bien plus que ça. Ils n’ont pas le côté LOL du canadien aux dents du bonheur (pas dans leur musique du moins). Ils se trimbalent un peu de spleen mais surtout une grosse lueur d’espoir. Et autant vous dire qu’on a de grands espoirs pour eux.

Ca manque un peu de meuf jusque-là, tu trouves pas ? Heureusement, les programmateurs du Tinals en ont trouvé une qui prend la scène comme si elle était une bande de meufs à elle toute seule. C’est Mattiel, une américaine qui nous a fait un show puissant, orné d’émotions profondes. J’avais la larme à l’œil sur son tube Count your blessings. Tu la connais, cette certitude qu’une chanson peut t’émouvoir à chaque âge de la vie ? Quand tu te vois la réécouter dans vingt ans, trente ans, quarante ans, avec toujours le même pincement au cœur. C’est ça, Mattiel.

Le dimanche était si intense qu’on avait du mal à croire que ça allait s’arrêter là. On a surfé sur des vagues de joie en milieu d’après-midi avec Loheem, une formation montpelliéraine qui nous offrait son dernier concert en duo. C’était si beau, et on se mord encore les doigts d’avoir raté la chanson composée et chantée avec les enfants de l’école Albert Camus.

On s’est baignés dans l’émotion bien comme il faut avec Deerhunter. Entendre Desire Lines en live, c’était quelque chose à cocher sur ma bucket list.

Petite déception avec le concert de Cigarettes after sex, trop aseptisé à mon goût alors même que leur musique a un potentiel envoûtant. Mais c’est pas grave, parce que la soirée fut marquée par la lueur ténébreuse du jeune Cosmo Pyke, par les errances rock d’Ezra Furman, par le R&B passionné et passionnant de Gabriel Garzon-Montano. Et bien sûr par le live surpuissant d’IDLES, qui a retourné la grande salle avec une messe rock comme on en voit peu.

Merci Tinals pour cette réunion de famille qui s’agrandit et s’intensifie un peu plus à chaque édition. Et à l’année prochaine, sans hésitation.

Texte : Jessica Lombardi

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